Angleterre : entrée en fanfare !
Avant d’aller plus loin dans mes petits compte-rendus, je voulais absolument vous raconter la folle journée du 19 août, celle où je quittai la France pour l’Angleterre.
Logé avec des amis dans un camping au nord de Morlaix, j’attendais avec une certaine excitation ce jour. La veille du départ, ma principale préoccupation concernait d’abord la météo. Depuis mes premiers coups de pédale en Savoie, celle-ci s’était montrée très capricieuse et particulièrement imprévisible. C’était encore le cas ces derniers jours en Bretagne.
En redescendant sur Morlaix, le ciel se dégage petit à petit !
Pour cette journée très spéciale, Météo France annonçait de belles éclaircies dès le milieu de matinée. J’étais donc optimiste sur ce point, même si dans cette région le temps peut très vite changer.
Le matin venu, les derniers nuages se dispersaient alors que je redescendais la baie en direction de Morlaix. Un franc soleil brillait ensuite sur la ville alors que j’entrais dans la boutique d’un vélociste pour quelques achats. Une halte à la boulangerie et j’enfourchai ma monture pour entamer la remontée de la baie, vers Saint-Pol-de-Léon puis Roscoff.
Comment imaginer à ce moment que la pluie va s'abattre dans quelques minutes ?
Alors que je longeais le port de plaisance, je constatais que le ciel s’était assombri, ne laissant plus passer le moindre rayon de soleil. Premiers doutes…
Quelques minutes plus tard, une petite pluie commença à tomber. Ayant en mémoire les prévisions météo, je pensai, à tort, que cela n’allait pas durer. Grave erreur ! Les petites gouttes inoffensives se transformèrent en quelques secondes en une pluie torrentielle !
Bien évidemment, aucun abri à l’horizon, coincé que j’étais entre le bras de mer et la colline. N’ayant pas eu le temps de me couvrir, je sprintai vers une aire de repos pour enfiler mon poncho. Sous un arbre qui ne me protégeait pas de l’eau, bien au contraire, je fouillais dans mes sacoches pour attraper ma cape. Le temps de l’enfiler, j’étais trempé jusqu’aux os…
Et le temps de l’enfiler, la pluie s’était arrêté !!!
Pédalant tout de même quelques kilomètres avec mon poncho, au cas où, je compris que cette averse serait sûrement la seule de la matinée. Aussi vite que la pluie était apparue, un magnifique ciel bleu s’installa. Et mon poncho devint vite insupportable !
Sur la bonne route !
Les kilomètres me séparant de Roscoff me permirent de sécher rapidement.
J’arrivais bien en avance pour l’embarquement. Mes amis me rejoignant quelques minutes plus tard pour partager un dernier pique-nique ensemble.
L’embarquement se passa très bien. À bord de l’Armorique, cet immense navire de Britanny Ferries, je me sentais comme un touriste.
La traversée passa très vite, les occupations ne manquant pas !
L’une d’elles consista à trouver un plan de Plymouth et de rechercher où j’allais dormir.
Arrivé au terminal largement dans les temps !
Le vélo est bien attaché. Paré pour la traversée de la Manche !
Mes demandes Warmshower n’ayant pas abouti, je cherchais sur internet l’existence d’un éventuel camping à une distance accessible du terminal. Bingo ! Un camping situé en périphérie de la ville me tendait les bras. J’étudiais le parcours à effectuer en ville, l’optimisant afin d’y arriver le plus vite possible. Tout cela s’annonçait bien.
En compagnie de Suna, hôtesse sur l'Armorique.
Sauf qu’entre la théorie et la pratique, l’écart peut s’avérer très important.
Je fus tout d’abord piégé par le décalage horaire. Ou plutôt par son interprétation. Car en Angleterre, la nuit tombe une heure plus tôt qu’en France durant l’été… Et pour moi, c’était déjà une heure de moins pour rallier le camping repéré.
Je me rendis ensuite compte que j’avais été un peu optimiste sur le temps qui serait nécessaire pour sortir du bateau et commencer à pédaler.
Si bien que, lorsque je m’élançais (à gauche de la route bien sûr !), le soleil était déjà bien proche de l’horizon…
Les quelques cyclistes montés dans le bateau se préparent à descendre !
Mon plan de la ville rivé sur ma sacoche de guidon, je comptais bien cependant arriver à destination.
Au premier carrefour, je cherchais du regard les plaques de rues pour me situer et m’orienter. Je recommençais la même opération au carrefour suivant. Et ainsi de suite…
L’itinéraire que j’avais préparé au chaud, dans le bateau, assis dans un confortable fauteuil, me paraissait bien plus compliqué à suivre que sur le papier ! Si bien que je passais plus de temps à regarder ma carte qu’à pédaler.
Et pendant ce temps là, le ciel s’assombrissait…
Les minutes passèrent ; ma progression, très lente, sur un itinéraire finalement très biscornu, commençait à entamer ma patience. Je devais jongler avec les sens interdit, les noms de rues, et me concentrer sur ma conduite à gauche…
À ce propos, je découvris combien il était difficile de ne pas commettre d’erreur. Chaque halte, ou plutôt chaque redémarrage constituait une occasion de se tromper. Et cela m’arriva à plusieurs reprises. Notamment lorsque, après avoir répondu à une charmante femme en voiture qui s’inquiétait de me voir arrêté à un stop avec ma carte en mains, je redémarrai en roulant à droite de la route. Voyant une voiture arrêtée face à moi, attendant certainement que ce français réalise son erreur, je compris que la conduite à gauche n’allait pas être aussi simple que ça !
Bref, je perdis tant de temps que la nuit fut déjà tombée alors que je j’avais l’impression de tourner en rond.
Quand enfin je réussis à m’embrancher sur la piste devant m’emmener vers le camping, il faisait nuit noire. La frontale fixée sur mon crâne, je pédalais sur une piste caillouteuse, rêvant d’un camping de plus en plus improbable. Le froid s’intensifiant, je finis par me résoudre à stopper cette quête impossible.
Au premier endroit semblant potable, je m’arrêtai pour monter la tente à la va-vite.
Mon vélo couché entre une barrière et ma « hooba hooba », je mangeai ce que j’avais sous la main en quatrième vitesse. Mieux valait vite dormir pour passer à autre chose.
Mais le sommeil fut difficile à trouver, et lorsqu’enfin de dormais, je fus réveillé par un gros toutou qui enfonçait avec sa truffe les parois de ma tente contre moi. Immobile, je dus attendre que le quadrupède n’abandonne son jeu et qu’il aille rejoindre ses maîtres qui, au loin, l’appelaient.
Hormis ce dérangement, seuls un cycliste passa à toute vitesse, en pleine nuit, puis quelques jeunes promeneurs nocturnes.
Au petit matin, je découvre enfin le paysage !
Au petit matin, je pus tranquillement replier ma tente et me faire un petit café. Quelques joggers passèrent par-là, très polis. Après une journée mouvementée, mon voyage était vraiment lancé !